LA CONSCIENCE TÉMOIN



INTRODUCTION

La conscience est dotée de maintes facultés, dont celle d'observer ce qui se passe à l'intérieur comme à l'extérieur de nous. Toute observation implique une distanciation avec la chose observée. La perspective ainsi produite par ce recul intérieur crée l'espace nécessaire à tout le processus de projection et de représentation dont nous faisons usage tout au long de notre vie. La projection intérieure est innée et universelle à toute conscience, qu'elle soit séparée ou unifiée.

Le manifeste de la conscience dans l'univers est de se distancer de la Source et de faire l'expérience du Soi dans une forme, dans un espace, dans un temps et dans une dimension, conférant ainsi au Soi le pouvoir de s'observer lui-même et d'explorer l'univers qui l'entoure. Discernement et humilité obligent, le Soi doit demeurer bien conscient que cette expérience demeure fragmentaire en présence de l'infini et de l'Absolu.

Lorsque la conscience jongle avec des pensées, avec des idées, elle fait usage de son pouvoir d'abstraction et de création dont nous nous adonnons allègrement. Par voie de conséquence, la conscience génère tout le phénomène d'illusions depuis son adombrement sur le mental humain. Entre autres, le sexe, l'argent, le pouvoir et la religion figurent parmi les fantasmes les plus puissants et les plus dramatiques de l'expérience humaine.


LA CONSCIENCE TÉMOIN

Sur une échelle un peu plus élevée que la conscience projetée, il existe un autre niveau de conscience dont nous parlons que très rarement du fait de son haut degré d'abstraction. Les grands mystiques évoquent la supraconscience ou la conscience derrière l'observateur, domaine qui passe bien au-dessus du radar de la très grande majorité des êtres humains. Pour faire simple, nous utilisons ici l'expression «conscience témoin» qui semble d'un abord plus facile.

À l'état de veille, il y a toujours quelque chose en nous qui regarde, un témoin silencieux derrière tout ce que l'on pense, tout ce que l'on dit, tout ce que l'on fait. Cette vigie transcendante n'émane pas notre personne en tant que telle, mais d'un autre aspect de nous-mêmes bien plus vaste et bien plus illimité que tout ce que nous pourrions imaginer. De surcroit, la conscience témoin n'est pas affectée par l'expérience ni par la psyché. Elle Est tout simplement, à l'image d'un phare qui, par sa seule Présence lumineuse, rend la conscience consciente d'elle-même et responsable de ses faits et gestes.

C'est ainsi qu'une personne saine d'esprit est apte à savoir qui elle est en tant qu'identité, ce qu'elle fait en termes de significations, de valeurs, d'éthique et de moralité, et ce, indépendamment de tout endoctrinement moral ou religieux. Le discernement de la vérité (relative) est natif et fait donc partie intégrante de l'Esprit humain.

Contrairement à la conscience projetée s'immisçant dans tous les aspects de la vie, la conscience témoin demeure immobile en tout temps, un peu comme si sa nature n'appartenait pas à ce monde tout en y étant Présente. En méditant profondément, il est toujours possible d'approcher ce point d'immobilité appelé «infinie Présence» où conscience et espace se confondent.


LE DÉCÈS

Pour ceux et celles qui se questionnent sur ce qui subsiste de nous après la mort, soulignons que la conscience témoin survit un certain temps après le décès, surplombant l'âme qui porte en elle les mémoires et l'empreinte vivantes de la vie passée sur terre. Ce tandem forme notre identité singulière en marge de toutes celles empruntées au cours de notre incarnation.

Il n'y a pas de jugement dernier administré par une instance divine extérieure à nous-mêmes dans l'univers astral. Nous sommes accueillis par nous-mêmes. Toutefois, il y a un face-à-face avec notre conscience témoin qui, de surcroit, est adombrée par son Noyeau Immortel.

C'est à ce moment que se défile le film de notre vie terrestre. En l'absence de l'égo, ces instants ultimes se déroulent dans le moment présent sans aucune tergiversation. Désormais, la destinée de l'âme s'oriente, selon sa vibration, vers la Lumière de l'Esprit ou vers d'autres apprentissages, toujours en résonnance avec ses affinités vibratoires. Ces apprentissages se rapportent au «chemin de l'âme» ou au karma, contrastant avec la voie ascensionnelle de l'Esprit.

L'aspect évocateur de notre Présence spirituelle, immobile et silencieuse, apporte l'évidence nécessaire à l'âme à son orientation en ces instants ultimes, traditionnellement appelés «jugement dernier». Il s'en suivra une désintégration de toutes les illusions, des personnages et des amours ayant soutenu artificiellement cette vie éphémère. Toutefois, les expériences ayant une valeur de survie se reflèteront fidèlement dans les actes et les mobiles de l'âme survivante.


CONCLUSION

La conscience témoin rend désormais l'être imputable de tous les faits et gestes de sa vie courante. Seules de profondes pathologies peuvent soustraire quelqu'un de son statut de dignité spirituelle. Ceux et celles qui savent se prévaloir de leurs facultés liées à leur conscience supérieure jouissent d'un point de vue fort différent quant à leur véritable identité, quant aux discernements des valeurs et des significations de la vie.

Qui plus est, la conscience témoin, conformément à sa nature silencieuse et immobile, insuffle une Présence dans la psyché laissant entrevoir à certains qu'ils sont sous le regard de Dieu. Dès lors, interrogeons-nous. Qui observe? Qui se sent observé? La double nature spirituelle et matérielle de notre être ne sera jamais plus évidente ici que dans cette expérience personnelle et pleinement vécue.

Yvon Gagné


Il y a cette faculté supérieure, en amont de la conscience usuelle,
qui agit en tant que rétroviseur à tout ce que l'on pense,
à tout ce que l'on dit, à tout ce que l'on fait.


La conscience témoin assume la fonction d'interface entre le divin et la conscience humaine.
C'est par cette juxtaposition que l'Étincelle divine rejoint la psyché humaine
ouvrant ainsi la voie au retour à la Source et à l'immortalité.


Ce n'est pas tant l'intelligence qui nous distingue des animaux
comme le niveau de conscience qui nous élève
au statut de dignité humaine.